Des chercheurs d'une équipe mixte Inrae (1) , Inserm (2) , Cnam (3) et Université Sorbonne Paris Nord suspectent un lien entre l'exposition à un cocktail de pesticides via l'alimentation et la survenue de cancers du sein post-ménopause. Leurs conclusions (4) ont été publiées le 15 mars dans la revue International journal of epidemiology.
Ces chercheurs, s'appuyant sur les enquêtes de la cohorte NutriNet-Santé portant sur la consommation alimentaire, avaient déjà établi que les consommatrices d'aliments issus de l'agriculture biologique présentaient un moindre risque de cancer du sein en post-ménopause. La nouvelle étude, menée sur quatre ans, s'appuie sur un échantillon de 13 149 femmes ménopausées, parmi lesquelles 169 cas de cancers ont été signalés.
« Grâce à une base de données de contamination des aliments selon leur mode de production, les chercheurs ont mesuré l'exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe, incluant ceux utilisés en agriculture biologique », explique l'Inserm. Quatre profils d'exposition aux pesticides ont été établis, selon les mélanges de pesticides présents dans l'alimentation.
Le premier profil se caractérise par une exposition élevée aux pesticides de synthèse, et notamment aux chlorpyriphos, imazalil, malathion et thiabendazole. « Dans ce profil, les chercheurs notent une augmentation du risque de cancer du sein en post-ménopause chez les femmes en surpoids ou obèses ».
Le troisième profil est à l'inverse caractérisé par une faible exposition aux pesticides de synthèse. Dans ce groupe, le risque de cancer du sein post-ménopause y est réduit de 43 %.
« Ces résultats suggèrent un lien entre certains profils d'exposition aux pesticides et la survenue de cancers du sein en post-ménopause. Mais pour confirmer ces données, il est primordial d'une part de mener des études expérimentales pour éclaircir les mécanismes impliqués, et d'autre part de confirmer ces résultats dans d'autres populations », indique l'Inserm. Il précise que les deux autres profils identifiés n'étaient pas associés au risque de cancer du sein.